Santa Maria degli Angeli abrite la magnifique Basilique du même nom, construite entre 1569 et 1679 sur un projet de l’architecte pérousin Galeazzo Alessi, commandée par le pape Pie V afin de préserver la Porziuncola. Cette petite église est l’endroit où Saint François établit sa demeure, la restaura et y fonda l’Ordre franciscain en 1208.

Sur le mur extérieur arrière de la Porziuncola se trouve la fresque fragmentaire mais fascinante du Pérugin représentant la Crucifixion, réalisée entre 1485 et 1486. Le maître s’inspira d’une iconographie locale, celle de la Crucifixion de Pietro Lorenzetti dans la Basilique inférieure d’Assise. Ce maître toscan fut en effet le premier à représenter ce moment central de l’histoire chrétienne comme une scène peuplée de nombreux personnages.

La Crucifixion de Vannucci décorait le chœur primitif de la Porziuncola, qui fut détruit au XVIe siècle pour l’édification de la Basilique alessienne. C’est une œuvre « cachée » : pour l’admirer, il faut contourner la petite structure sacrée. La Vierge, enveloppée dans une robe noire, s’évanouit, soutenue par les saintes femmes, selon un ancien motif iconographique tiré des Évangiles apocryphes. La figure du Christ en croix a presque entièrement disparu, mais subsistent Marie-Madeleine, Saint François embrassant les pieds de la Croix, deux soldats à cheval et quelques spectateurs du drame sacré, dont un enfant. Malgré les restaurations et son état fragmentaire, cette fresque reste une œuvre d’une grande beauté.

La deuxième étape de cet itinéraire est Spello, l’un des villages les plus charmants et stratégiques d’Ombrie, situé au pied du mont Subasio. Fondé par les Ombriens, il devint « Hispellum » à l’époque romaine avant d’être déclaré « Splendidissima Colonia Julia ». À l’intérieur de l’église Santa Maria Maggiore, sur les deux piliers qui encadrent l’abside, se trouvent deux œuvres du Pérugin : La Pietà et La Vierge à l'Enfant entre Sainte Catherine d'Alexandrie et Saint Blaise, toutes deux commandées au peintre en 1521 et exécutées en seulement trois mois. Ces œuvres illustrent la dernière période du maître ombrien. On y perçoit la réutilisation de modèles déjà employés auparavant et l’absence des riches détails paysagers qui caractérisaient autrefois sa production.

Dans ce voyage à la découverte du peintre, nous faisons également étape à Foligno, à l’Oratoire de la Nunziatella, situé en Via dell’Annunziata. Ce bâtiment du XVe siècle, attribué à Francesco di Bartolomeo da Pietrasanta, est un véritable joyau architectural. À l’intérieur, l’autel de Saint Jean-Baptiste abrite le Baptême du Christ du Pérugin. Cette fresque illustre les éléments les plus caractéristiques du style du maître ombrien : la délicatesse et la douceur du dessin ainsi que l’atmosphère vaporeuse dans laquelle baignent les figures et le paysage. Deux anges en vol, dans la partie supérieure du tableau, présentent au centre la colombe du Saint-Esprit, placée au-dessus des deux figures centrales pleines de douceur, le Christ et Jean-Baptiste, qui semblent presque danser dans l’eau, entourés d’autres anges. Le paysage représente les campagnes autour de Foligno, avec la rivière Topino symbolisant idéalement le Jourdain.

Trevi est située entre Foligno et Spolète et est connue sous le nom de « la ville de l’huile d’olive ». Elle apparaît perchée au sommet d’une colline, enveloppée de son mystérieux charme médiéval et caractérisée par des constructions de style roman. Parmi ses nombreux trésors artistiques, elle conserve une importante œuvre du Pérugin, conservée à l’intérieur de l’église Santa Maria delle Lacrime : l’Adoration des Mages, réalisée en 1522, et donc l’une des dernières œuvres du maître. La fresque représente une magnifique scène de la Nativité, avec des personnages en adoration ainsi que les apôtres Pierre et Paul sur les côtés. Le décor du tableau est constitué d’une simple cabane en bois, à l’intérieur de laquelle sont représentés la Vierge Marie, placée sur un petit piédestal avec l’Enfant Jésus dans les bras, et Saint Joseph sur la gauche. À leurs côtés, deux Mages offrent des fioles tandis que le troisième se tient debout à proximité. En arrière-plan, un paysage rural typique où des bergers s’occupent de leurs troupeaux. On remarque en particulier, au centre du tableau, deux bergers au loin regardant vers le haut et se protégeant les yeux ; ils semblent probablement fixer la lumière de l’étoile de Bethléem, aujourd’hui disparue de la fresque.

Non loin de Trevi se trouve Montefalco, réputée pour son excellent vin rouge. Ce village pittoresque offre une vue panoramique exceptionnelle sur la région environnante, ce qui lui vaut le surnom de « balcon de l’Ombrie ».

Dans le centre historique, à l’intérieur de l’église San Francesco – aujourd’hui un complexe muséal –, on peut admirer la magnifique Nativité du Pérugin. Il s’agit d’une fresque monumentale placée dans une niche, sur le côté droit de la contre-façade. La lunette est creusée dans l’épaisseur du mur et encadrée par une série d’élégantes architectures en trompe-l’œil. Dans la partie supérieure, à l’extérieur de la lunette, on trouve l’Annonciation avec la Vierge et l’ange. À l’intérieur, au centre d’une mandorle, Dieu en gloire entouré d’anges, et plus bas, au premier plan, la scène de la Nativité. Jésus est représenté à l’intérieur d’une structure ouverte, ornée de grotesques, et adoré par les personnages placés en demi-cercle autour de lui. Avec un effet illusionniste remarquable, l’Enfant Jésus devait à l’origine sembler posé sur une table adossée au mur, aujourd’hui disparue. Cette fresque élégante fut réalisée en 1503 à la demande d’un ministre en théologie, le frère Francesco Agusti.